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Pour cette histoire, j’ai retrouvé une copie de mon rapport du 5 mars 1970, ainsi
qu’un article paru dans France-soir le jour même. Ce qui annule les craintes formulées
dans mon préambule concernant le risque de déformation des faits et me permet
d’être plus précis dans les dates et les chiffres. Ce jour-là, les conditions atmosphériques sur la France étaient exécrables,fortes chutes de neige, température négative, réseaux ferré, routier, aérien perturbés,
voire arrêtés, bref, il ne faisait pas bon voyager, surtout en avion. A 0 h 30, je suis avisé qu’un membre de la compagnie aérienne Air inter est retenu en otage dans un autocar, à l’aérogare des invalides, par des passagers du vol Lyon-Lille, bloqués à Paris et mécontents des services de la compagnie. Je me suis rendu sur place où le porte-parole des protestataires m’a fait la déclaration suivante que je recopie sur les documents d’origine. « La veille, à 19 h 15 précises, cinquante-neuf voyageurs ont embarqué à bord
d’une Caravelle d’Air inter, sur l’aérodrome de Lyon, à destination de Lille où l’avion
devait se poser vers 20 h 30. Certains de ces voyageurs précisent qu’en raison du D’autres ajoutent qu’au moment du contrôle des titres de transport, quelques instant avant l’embarquement, un employé les avait informés qu’un “petit contretemps” était prévu, savoir : la Caravelle serait détournée vers orly ou un “foker” prendrait le relais pour l’acheminement vers Lille. A orly, ils ont été informés que le reste du parcours se ferait par chemin de fer. ils ont donc été conduits à la gare du Nord par car pour y prendre le train de 23 h 30, à destination de Lille. La SNCF ne disposait que d’un seul wagon de quarante-huit places. Vingt-sept
passagers ont pris le train, dix ont été hébergés par des parents ou amis parisiens et
vingt-deux ont refusé de quitter le car, exigeant une intervention d’un responsable de
la compagnie. Le chauffeur du car a rapatrié tout le monde aux invalides. » (Fin des
termes de mon rapport du 5 mars 1970). Par l’intermédiaire du permanent de nuit d’Air inter, je prends contact téléphonique
avec le chef d’escale d’orly, un nommé Durieux auquel je demande d’acheminer
ses clients. il refuse prétendant que le nécessaire a été fait et refusé par les intéressés
eux-mêmes. il ajoute que la police doit faire évacuer le car et libérer son
employé. Je consulte l’etat-Major, et reçois l’ordre de ne pas intervenir. Je rappelle Durieux pour lui confirmer que le règlement de cette affaire lui
incombe. A 4 h 30, le directeur d’Air inter invite les vingt-deux candidats au voyage
au restaurant de la gare du Nord. A 6 h 30, ils prennent le train pour Lille… et moi,
je retrouve dans mes paperasses, trente-six ans plus tard, une coupure de Francesoir,
avec photo me montrant dans le car à parlementer avec les “résistants”. C’est
pas beau, ça ? Ma conscience, tenue muette jusqu’à présent, s’étonne que je n’ai pas encore
abordé le chapitre des bavures. elle ne me met pas vraiment dans l’embarras. A la lecture
de mes périgrinations, on aura compris que j’ai toujours été prudent, que j’ai calculé
les risques prévisibles avant d’agir, protégé mes arrières, en somme largement
ouvert le parapluie anti-bavure, respectant l’hyperbole d’un professeur du stage
d’élève-officier : « Lorsqu’on vous signalera une affaire urgente, à traiter immédiatement,
évitez la précipitation. Prenez des notes, rangez-les dans un tiroir
et dites : c’est bon, on verra ça plus tard. ». Mais ce n’est jamais gagné à 100 %. J’en ai déjà parlé précédemment, il y a une différence entre le fonctionnaire
astreint aux tâches administratives et le flic aux prises avec les réalités de la rue. La
sinécure de la première fonction n’a d’égale que le risque de la deuxième, même si
quelquefois il s’agit du même homme les exerçant tour à tour. Ce qui m’amène à dire
qu’un fonctionnaire de police qui n’a jamais comparu à l’iGs, au moins une fois dans
sa carrière, n’a jamais été un flic de rue. J’ai déjà cité une comparution. en voici
d’autres. |
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